Le flambeau de la gauche est à prendre

Una nota que me hicieron en el Universal de Venezuela en marzo de 2013 y que la publicó Courrier International

Courrier International
Le flambeau de la gauche est à prendre

La gauche latino-américaine se retrouve orpheline. Qui reprendra l’héritage?

“Voilà un cas difficile.” “Voilà un cas difficile.”Dessin de Chappatte paru dans International Herald Tribune, Paris.
Au-delà des frontières vénézuéliennes, la disparition du président Hugo Chávez va se répercuter sur l’idéologie politique de la région. Son décès prive la gauche latino-américaine d’une figure de proue, de l’homme qui a incarné sur le continent le “socialisme du XXIe siècle” en quatorze années de pouvoir.

“Hugo Chávez représentait la ­continuité des caudillos qui ont gouverné l’Amérique latine au XXe siècle, que ce soit Juan Domingo Perón en Argentine, Getúlio Vargas au Brésil [président de 1934 à 1945 et de 1951 à 1954] ou Angel Victor Paz Estenssoro en Bolivie [élu quatre fois président]. En ce sens, Hugo Chávez était un grand ambassadeur de ce courant, et, en tant que tel, on aurait difficilement pu ­trouver des conditions plus propices au développement d’un leadership tel que celui qu’il a construit et maintenu pendant quinze ans”, explique Sergio Molina Monasterios, un spécialiste en communication politique.

Si, au Venezuela, on sait très bien qui reprendra le flambeau du chavisme, celui qui, en tant que ­militaire, encourageait une lutte régionale contre le “capitalisme sauvage” de “l’empire américain” semble irremplaçable pour le reste du continent.

Les dirigeants de gauche en Amérique latine – notamment Evo Morales (Bolivie), Rafael Correa (Equateur), Cristina Fernández de Kirchner (Argentine), José “Pepe” Mujica (Uruguay), Daniel Ortega (Nicaragua) et Raúl Castro (Cuba) – resteront fidèles non au chef militaire mais à la figure mythique que deviendra Hugo Chávez, une image qui sera bien plus accommodante et plus consensuelle, même si d’un point de vue symbolique c’est la même chose, prévoit Sergio Molina Monasterios.

Bien sûr, le Venezuela doit se préoccuper de sa situation économique et politique intérieure, mais les dirigeants de la région s’attendent à ce que la diplomatie bolivarienne, qui a bénéficié à de nombreux gouvernements qui soutenaient le pays, perde du terrain.

Cependant, Sergio Molina Monasterios estime qu’il serait extrêmement réducteur de penser que l’influence d’Hugo Chávez sur le continent sud-américain était uniquement due à son portefeuille. Le pays qui pourrait souffrir le plus de la disparition du comandante est sûrement Cuba, qui, grâce à sa relation avec le Venezuela, obtenait 115 000 barils de pétrole par jour contre les services de 44 000 Cubains exerçant pour la plupart des professions médicales.

“La composante idéologique et politique de la diplomatie bolivarienne ainsi que sa portée dans la région ne doivent pas être minimisées à l’heure où il s'agit de comprendre l’ampleur et l’influence que le chavisme pourrait conserver à l’avenir”, poursuit Sergio Molina Monasterios. Certes, il est trop tôt pour prédire qui héritera du trône, mais plusieurs dirigeants seraient intéressés par le poste. Seul le temps, ­toutefois, nous dira si c’est possible et si ces candidats ont les capacités requises. L’influence politique et idéologique du Venezuela dans la région restera considérable, “surtout dans le cadre des processus politiques les plus idéologiques et les plus enracinés, pour lesquels la figure symbolique d’Hugo Chávez demeurera présente. Néanmoins, cela dépendra avant tout de la direction qu’empruntera la politique intérieure vénézuélienne et des événements qui se dérouleront au cours des prochains mois au Venezuela”, conclut Sergio Molina Monasterios.

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